A propos d'Alain Gaudebert

Image tirée du documentaire "tradition potière en Puisaye", de Mireille Hannond
Image tirée du documentaire « tradition potière en Puisaye », de Mireille Hannond

La terre de Puisaye si propice à la céramique est connue pour sa  longue tradition potière. La réalisatrice Mireille Hannon en propose un panorama où elle interroge les potiers, les lieux de formation, les musées …

Une interview d’Alain Gaudebert présenté au centre de son travail, c’est-à-dire au cours d’une cuisson au four au bois, intervient en conclusion de ce documentaire de 26 mn, visible sur le site de France 3 Bourgogne, à la page de l’émission « Pourquoi chercher plus loin ? » .

Extrait de l’échange avec Alain Gaudebert  :

Voix off : 6 jours de cuisson chez le céramiste Alain Gaudebert. L’enfournement des pièces dans le four a été effectué avec précaution.  Le feu est allumé depuis la veille.  Alain charge encore une fois le petit feu, foyer du bas avant de l’obstruer. Le grand feu, foyer du haut, va démarrer 

Alain Gaudebert : « Les poteries sont complètement enveloppées par la flamme. Donc quand c’est monté (la température) en 12 heures c’est très bien pour les résultats que je cherche à obtenir. »

Voix off : Sébatien et Virgile sont venus aider Alain. La conduite de la cuisson dans un  four au bois est longue et délicate. il faut savoir gérer l’atmosphère du four ,plus ou moins riche en oxygène et monter progressivement en température pour atteindre les 1300 degrés. Des cendres chargées d’oxydes traversent le four en modifiant la couleur des émaux.

Alain Gaudebert : « Dans les émaux il y a des produits qui ont tendance à la volatilisation », il y a donc toujours une part aléatoire. Quand je fais des rouges de cuivre, le cuivre part dans l’atmosphère, il faut qu’il en reste quand même  sur la pièce pour qu’elle sorte rouge, mais quelques fois…  elles sortent bleu. »

Voix off : Alain Gaudebert aime les émaux épais, lumineux et colorés. C’est un maître en la matière. Ses pièces sont vivantes, comme interrompues dans leur évolution. Il aime le minéral, le surgi des profondeurs.

Alain Gaudebert, montrant des esquisses peintes : « Je me suis un peu obligé à faire des cartons comme ça pour me fixer les idées et pour pouvoir avancer dans le domaine de l’émaillage. Entre le moment où je veux faire une céramique et le passage par le feu… il s’en passe des choses. Donc, entre mon rêve et le résultat, si c’est trop éloigné de mon rêve et bien… je casse ! »

Devant le four :  « Vous avez vu comment ils balancent les banderilles  (une image pour décrire le geste des cuiseurs, Virgile et Sébastien, qui lancent les baguettes de bois dans le four sur un rythme régulier, ndr) ?  C’est un combat, un combat. On cherche un sens à la vie, on cherche tous un sens à l’existence, quelquefois au travers d’un combat. Là je ne baratine pas ! C’est vraiment ça. J’arrêterais peut-être de faire de la céramique, je ne mettrai plus rien dans le four, mais je continuerai de faire du feu avec.

Le feu… S’il n’est pas bien mené, c’est comme un toréador, tu te fais embrocher.  … tu t’épuises. J’ai passé beaucoup de temps à m’épuiser littéralement. C’est éreintant quand on ne fait ce qu’il faut faire comme il le fait là  (le cuiseur Virgile), pile au bon moment (ouvrir les portes du foyer, enfourner le bois dans la quantité et sur le rythme juste,  pas trop tôt, pas trop tard, refermer, attendre quelques minutes, recommencer…ndr). J’ai passé 40 ans de céramique à composer correctement avec ça, mais jamais maîtrisé, jamais dominé.

Voix off : Les jeunes céramistes sont nombreux à choisir la cuisson dans un four au bois plus délicates et plus aléatoire et que celle des fours électrique ou à gaz. Elle réserve de si belles surprises.