Stéphanie Le Follic : « Alain Gaudebert, les chemins parcourus »

par Stéphanie Le Follic-Hadida   in La Revue de la Céramique et du Verre n° 177, mars-avril 2011.

Alain Gaudebert, les chemins parcourus
Alain Gaudebert, les chemins parcourus. Par Stéphanie Le Follic-Hadida. Revue de la céramique et du verre, n°177, 2011.

Beaucoup des amis d’Alain Gaudebert étaient soucieux de voir cet article aboutir. Certains avaient appelé pour m’inciter à le faire, en souder le suivi et s’en réjouir. Plus que des amis, c’est une bande, la « bande à Gaudebert », composée de voyous de l’art, de terriens passionnés et intrépides.
Tous ont à coeur de rendre à « Alain » un peu de la bonté et de l’amitié fière reçues et que Gaudebert scelle d’une poignée de main généreuse et d’un timide regard bleu dès la première rencontre.

D’autres ont avant moi souligné l’extraordinaire maîtrise qu’a Alain Gaudebert du feu et des émaux. Mieux que je ne saurais le faire, deux de ses homologues céramistes, Robert Deblander (1) et Dauphine Scalbert (2) ont précédemment salué cette longue quête, ce long combat menés sans faille par Alain Gaudebert, en le qualifiant respectivement et à sept ans d’intervalle de « Fou d’émaux et de feu » ou de « Fou de feu ». Ces constantes de la couleur et de la cuisson au bois demeurent aujourd’hui, par-delà les influences accueillies et les tentations nourries. S’il ne consigne désormais plus que rarement ses recettes et laisse volontiers aux superpositions aveugles d’émaux, aux caprices du four et du feu, le droit de le surprendre, Alain Gaudebert ne s’en remet pas pour autant au hasard. S’il admet son incompressible présence, il entend le comprendre, l’amadouer, le dompter. La maîtrise reste au terme de chacun de ses chemins.

« La postérité appartient invariablement aux sifflés. » (3)
Les chemins empruntés par Alain Gaudebert furent parfois douloureux tant ils suscitèrent souvent l’incompréhension. On lui reprochais ses trop fréquents changements de caps, ses formes trop complexes ou trop imposantes, son ambition démesurées, sa débauche émaillée, sa truculence plastique, son insatiable curiosité. Alain Gaudebert courbe l’échine et continue, ainsi qu’il le fit toujours, à travailler et à réfuter avec véhémence le caractère excessif de son oeuvre.  En privilégiant l’expression, il ne fait qu’ « amplifier la nature, de façon à donner à une oeuvre le caractère d’une synthèse » (4) , rien de plus que le strict nécessaire, en somme….

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Article et photos reproduits avec l’aimable autorisation de l’auteur et de la Revue de la Céramique et du Verre.

  • (1) Robert Deblander, « Alain Gaudebert », Revue de la Céramique et du Verre, n° 87, mars-avril 1996.
  • (2) Dauphine Scalbert,  » Alain Gaudebert », Revue de la Céramique et du Verre, n° 130, mai-juin 2003.
  • (3) Émile Bergerat, « Opinions. Une bonne affaire », L’Éclair, 14 mai 1898.
  • (4) Auguste Rodin, propos rapportés par Philippe Dubois, « Chez Rodin », L’Aurore, 12 mai 1898.

 

La Revue de la Céramique et du Verre

« Alain Gaudebert, les chemins parcourus » in La Revue de la Céramique et du Verre n° 177, mars-avril 2011